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En Ouganda, un commandant rebelle de la LRA déclaré coupable de « crimes de guerre »

Un tribunal ougandais a déclaré, mardi 13 août, l’ancien commandant de la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), Thomas Kwoyelo, coupable de 44 chefs d’accusation relevant de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». La Division des crimes internationaux (ICD) siégeant dans la ville de Gulu (nord) annoncera la peine à laquelle elle le condamne « au plus tard mardi prochain », a ajouté le juge Michael Elubu.
Ce jugement sera le premier prononcé pour de tels faits par une juridiction d’Ouganda contre un responsable de la LRA, mouvement de guérilla fondé dans le pays dans les années 1980 qui a semé la terreur en Afrique centrale durant une trentaine d’années.
Visé par 78 chefs d’accusations (dont meurtres, esclavage, pillage, enlèvement, viols, torture), Thomas Kwoyelo a été « reconnu coupable de 44 délits et condamné », mais blanchi de trois autres accusations tandis que 31 autres ont été rejetées, a détaillé le juge Elubu.
Durant les plus de deux heures de lecture du jugement, l’accusé, vêtu d’un costume sombre assorti d’une cravate et d’une pochette rouges, est resté le plus souvent impassible, secouant occasionnellement la tête en signe de désapprobation.
Lors des audiences qui se sont terminées en mai, cet ancien « colonel » de la LRA, âgé de 49 ans selon l’un de ses avocats, avait plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation le visant. Il a également fait valoir son passé d’enfant-soldat, affirmant avoir été enlevé à l’âge de 12 ans et enrôlé de force dans la LRA, créée par l’ex-enfant de chœur Joseph Kony en vue d’établir un régime fondé sur les Dix Commandements.
Cette guérilla est accusée d’être responsable de la mort de plus de 100 000 personnes et de l’enlèvement de 60 000 enfants, garçonnets transformés en soldats et fillettes en esclaves sexuelles. Chassée d’Ouganda, elle s’est éparpillée dans les forêts de République démocratique du Congo (RDC), de Centrafrique, du Soudan du Sud et du Soudan.
Thomas Kwoyelo a été arrêté en 2009 en RDC. Un premier procès pour 53 chefs d’accusation s’était ouvert devant l’ICD en juillet 2011, mais l’ancien rebelle avait été libéré deux mois plus tard après une décision de la Cour suprême estimant qu’il pouvait bénéficier d’une loi d’amnistie. Le parquet avait fait appel et un nouveau procès avait été ordonné. Thomas Kwoyelo était resté derrière les barreaux et plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, avaient critiqué la durée de cette détention sans procès.
La plupart des crimes qui lui sont reprochés ont été commis entre 1996 et 2005 dans le nord de l’Ouganda, notamment dans sa région d’origine du district d’Amuru. Selon des documents judiciaires, l’accusation considérait que « toutes les attaques de la LRA qui ont eu lieu dans le comté de Kilak entre 1987 et 2005, faisant l’objet des accusations dans cet acte d’accusation, ont été soit ordonnées par lui, soit menées en toute connaissance de cause et avec son autorité ».
En 2021, Dominic Ongwen, enfant-soldat ougandais devenu l’un des principaux commandants de la LRA, a été condamné à vingt-cinq ans de prison pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Joseph Kony, en fuite, fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis 2005.
Le Monde avec AFP
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